Les rencontres Récréation

Depuis 2022 l’association organise les Rencontres Artistiques Récréation.

Ces rencontres réunissent pendant une semaine, dans la vallée de la Roya une trentaine de jeunes artistes (spectacle vivant, cinéma, musique, art plastiques et éducation populaire) venus de toute la France, pour échanger autour de leurs processus de création, leurs engagements artistiques et humains, et les conditions précaires des artistes « immergés »*.

Ces rencontres se veulent un espace convivial où réfléchir concrètement à la mise en place de communs artistiques : des moyens et lieux de création mutualisés, des outils d’éducation populaire pour nos dynamiques de troupes, et des dispositifs d’accompagnement artistique et administratif entre paires.

prochaine édition du 12 au 18 août 2024 à Tende.

*artiste immergé est une dénomination inventée par la Fédération des compagnies pirates du spectacle vivant pour visibiliser les conditions réelles de création des jeunes artistes dits « émergents », qui souvent mènent leurs premières créations sans moyens et avec peu de soutien des institutions publiques, dans un contexte de compétition et de précarité délétères.

Ouvrir des espaces de présentation complices : pour quoi faire ?

article écrit par le collectif d’orga des rencontres

Pendant ces rencontres, nous avons proposé à celleux qui le souhaitaient de présenter leur création en cours : concert, performance clownesque, danse, court-métrage, poésie…

Cette possibilité a été investie de différentes manières : montrer pour la première fois une forme balbutiante, oser une improvisation dans une nouvelle discipline, retrouver de l’entrain dans un processus qui patine, remettre au travail un spectacle abouti en l’adaptant à la spécificité du lieu…

Nous voulions ouvrir un espace sécurisant et convivial où il serait possible, entre pair.es, de se monter notre travail et de s’apporter des retours constructifs. Ceci afin de nous accompagner dans la poursuite de nos recherches artistiques.

Au cours de cette semaine donc, pas de quatrième mur, mais des frontières poreuses. Nous avons tour à tour été des interprètes fragiles, des performeur·euses inachevé·es, et des spectateur·ices agissant..es. Réagissant après les présentations, avec générosité et entrain. Nous avons ainsi pu recueillir sur nos travaux des regards multiples, venant de sensibilités et de pratiques différentes.

Malheureusement, ces espaces existent peu dans le monde professionnel du spectacle vivant. Une fois sorti·es du cocon de l’école, nous sommes plutôt isolé·es dans nos processus de création. Des processus souvent longs, avec peu de moyens, où les doutes et le découragement ne sont jamais bien loin.

Présenter son travail au grand jour, prend généralement la forme d’une « sortie de résidence ». Présenter son travail devient une prise de risque, pour sa réputation, pour la suite de son projet.

Face à des programmateur·ices, des professionnell·es avec qui nous travaillerons peut-être un jour. Qui sont aussi là pour juger, jauger : le spectacle naissant sera-t’il bankable ?

C’est ainsi, qu’à l’amorce même d’un premier travail de création, il nous faut déjà être stratège, présenter une forme séduisante, qui rentre dans les formats attendus du moment. Il faut déjà penser à se vendre.

Dans ce climat de représentation lourd d’enjeux, notamment économiques, difficile pour les jeunes artistes que nous sommes d’être des spectateur·ices allié·es les un.es pour les autres. À la sortie de résidence d’un·e ami·e, il est difficile d’échapper à ses propres mécanismes de compétition et de comparaison. Notre regard est sûrement trop inquiet pour être ouvert et généreux. Être « bon public » devient presque méprisable. Il faut être critique, un peu narquois, se distinguer par son analyse, et ne pas se laisser aller à trop d’enthousiasme. Se rassurer surtout : on pourrait en faire autant, ou mieux.

Pour quoi faire alors, ces espaces de présentation complices ? Afin d’opposer une réponse à ce manque de dispositifs réellement conviviaux, pour se soutenir et se mettre en lien, durant nos processus de création. Ces « espaces safe » pourrait-on dire, sont aussi l’occasion de découvrir le travail des autres, de croiser nos disciplines, nos esthétiques, et d’initier de nouvelles collaborations. Mais loin des auditions surpeuplées, des workshops avec un..e artiste star ou des soirées après spectacle où l’on doit « faire du réseau ». Dans ces espaces pourraient bien éclore de nouvelles amitiés artistiques. 

La Revue des Rencontres

A chaque édition une revue auto-éditée rassemblant les traces et les témoignages des rencontres est réalisée par l’association. Les revues des précédentes éditions sont en accès libre, ci-dessous. Si vous souhaitez commander une version papier, vous pouvez nous écrire.